Finale du Master de pelote, bulle de verre dans la fête, entre tradition et émotion
Les cloches de la cathédrale sonnent, par milliers, en ce dernier jour de fêtes. Des paroissiens se précipitent vers l’église Saint-André pour tenter de trouver une place. La messe célébrée par Mgr Aillet, en blanc et rouge, en musique de banda et chants liturgiques en basque, ne se rate pas. 11 heures, donc !
À quelques centaines de pas de là, par centaines, d’autres paroissiens se pressent vers une autre cathédrale, de verre celle-là. Le Trinquet Moderne, temple de la pelote basque, est fébrile. Cette bulle de verre dans les fêtes où le gobelet en plastique n’est pas le bienvenu va livrer ses champions. Derrière les cuisines, à l’écart des regards, Waltari et Lambert réveillent leurs phalanges. Larrechea et Etcheto s’adonnent au même dégourdissement.
En basque et à l’unisson
Vous ne l’imaginez pas forcément : tout le Pays basque est présent. Les aficionados de la pelote évidemment. Ceux du toro itou. Sans oublier ceux du rugby. Thomas Lièvremont croise Serge Blanco sous l’œil protecteur de Bala. Le Dacquois ne manquerait pour rien au monde cette finale des Masters des Fêtes de Bayonne.
Neuf points d’avance dans la musette de Waltari et Lambert. Un début de partie qui désarçonne les parieurs du balcon nord. Cette entame fulgurante étouffe les supporteurs de Larrechea-Etcheto.
12 h 02. Silence. C’est l’heure de l’Angélus. Tradition que l’on ne retrouve que dans les régions les plus christianisées, les manifestations dominicales s’interrompent à midi pour chanter l’Angélus. Le Trinquet moderne n’est pas du genre à bousculer cette tradition. En basque, à l’unisson, exhortés par Michel Etcheverry, des centaines d’âmes prient.
Certains, plus que d’autres sans doute. On pense aux supporteurs de Larrechea-Etcheto. Les derniers phrasés évanouis dans ce sanctuaire de la pelote, le duo pourtant laminé retrouve force et lucidité. Bon Dieu, ils renversent même la vapeur pour mener, sur les coups de 12 h 23, d’un petit point, 24-23. Légère inquiétude dans le regard du partenaire de la journée (1).
En attendant les toros
Hélas pour eux, les dieux de la pelote ont choisi leur camp. Les champions de France en titre sont trop forts et après une partie qui restera, selon les meilleurs critiques de la discipline, dans les annales du Trinquet Moderne, imposent leur talent.
Les trophées dans les coffres des voitures, les abords du trinquet étirent leurs tables. Jean-Marie Mailharo, encore tout esbaudi d’avoir noué le foulard de François Hollande jeudi dernier, règne en maître sur l’organisation.
Les candidats à un fauteuil au Palais du Luxembourg, nombreux, échangent, une coupe à la main. Entre gens bien élevés, on ne bataille pas un jour de fête.
Version brasserie d’un côté ou plus chic de l’autre, les hôtes du Trinquet Moderne n’ont qu’une ambition : profiter de l’instant gourmand, les toros de 18 h 30 peuvent bien attendre. Dans un coin du chapiteau, un orchestre en tenue de marin assure le tempo, sans vague. Face à lui, Pascal Ondarts – qui a ouvert le repas en faisant entonner l’Agur Jaunak avec un frangin de Pampi Laduche – regarde avec un œil envieux. Il en pousserait bien une autre.
Déjà sonne l’heure du paseo. Devant le trinquet, deux jeunes festayres, visiblement pas remis de la nuit précédente, se pelotent. Mais c’est une autre histoire.
(1) Philippe Neys, sponsor de Waltari et partenaire majeur de ce Master des Fêtes.
Extrait de l’article “A l’heure de l’Angelus” du Sud Ouest du lundi 1er août 2011
Bonjour Michel ! et merci pour tous ces articles » made in Pays Basque » des fêtes de Bayonne ou la bonne humeur , l’ambiance étaient générales , mais aussi l’émotion pour la finale du Masters de pelote lors de » l ‘Angélus » que vous avez interprété .
Je parcours ces articles avec plaisir car il y a beaucoup d’humour ! et super l’extrait du » Jambon déchiffonné « . Les fêtes de Bayonne à voir absolument !!!. en 2012 !
Milesker Michel !
Amitiés .
Lucienne *