Jambon déchiffonné

Le jambon est à la Fête. Son consortium peut se réjouir.

michel_etchevrry_jambon_dechiffonneQuand on arrive en ville, on saisit que cette édition des Fêtes sera certainement la plus jambon. Partout, des affiches où les tranches s’étalent plus grosses que la foule de la place de la Liberté un soir de lancer des clefs. Des tranchasses à côté desquelles le foulard du festayre semble un mouchoir. Cette année, le consortium du jambon de Bayonne a frappé fort.

Les jambons salés dans le bassin de l’Adour s’affichent, et leurs amateurs s’attablent, car une quarantaine de cafés et restaurants sont partenaires des morceaux choisis des cochons du Sud-Ouest. 80 000 sets de table « Place de la Liberté à Bayonne » ont été imprimés et sont mis à disposition des cafetiers et restaurateurs où le festayre pourra s’en payer une bonne tranche.

Japonais évangélisés

Les promoteurs du jambon de Bayonne ont également conçu l’un des objets qui restera certainement parmi les collectors les plus improbables des Fêtes : des pinces à addition. Imaginez le couvercle d’une boîte de sardine aux couleurs de l’IGP Jambon de Bayonne, dont la clef servirait à empêcher que la douloureuse ne s’envole. Pourquoi pas ? L’humour est aussi bon dans le jambon.

Le député maire Jean Grenet, qui pestait encore il n’y pas si longtemps de trouver des jambons de toutes origines sauf la Bayonnaise, sur les tables de la ville, peut être satisfait. Après la Foire au jambon, organisée pendant la Semaine Sainte, les tranches sont célébrées comme partie prenante de la gastronomie, et partant de la culture. Hier, les journalistes japonais, allemands ou canadiens évangélisés par le consortium ont été reçus dans le grand hall du théâtre.

Le chanteur Michel Etcheverry s’en est époumoné de plaisir, pour conclure, sur l’air du Jambon de Bayonne, une belle présentation de cette opération à la fois d’affichage et de séduction. « Pour augmenter les parts de marché au niveau national », l’imagerie et l’esprit jambon ont été télévisés et radiodiffusés depuis le début de l’année. Trois chefs de cuisine basques, dont on sent qu’ils peuvent rouler les R comme les tranches, vantent les mérites du produit local, sur les bords de Nive.

Hier, on a aussi parlé mètres linéaires, dans la grande distribution. Auparavant le jambon de Bayonne n’y occupait en moyenne qu’une quarantaine de centimètres contre 90 environ aujourd’hui. Pour continuer de conquérir du terrain, les gros acteurs de la filière tel Delpeyrat s’enracinent en Belgique, travaillent l’Asie, et envisagent les terres canadiennes, allemandes, britanniques, italiennes.

Extrait de l’article “Jambon déchiffonné” du Sud Ouest du jeudi 28 juillet 2011

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